Dans une vidéo de trois minutes et demie et une étude détaillée, Microsoft revient sur les qualités de la dixième mouture de son navigateur Internet Explorer et explique pourquoi celui-ci est le meilleur dans le support et l'expérience utilisateur au niveau tactile. Humour, discourt marketing ou réalité ?

Langue de bois et discourt marketing agrémenté d'une vidéo et de beaux graphiques

Microsoft a réalisé une vidéo qui met en avant les nombreuses améliorations d'Internet Explorer 10 pour que le navigateur soit aussi agréable à utiliser à la souris qu'avec les doigts. L'éditeur mets notamment en avant les choix techniques qui ont permis d'optimiser Internet Explorer pour gérer les entrées tactiles (multitouch).


Cette vidéo s'appuie notamment sur les résultats d'une étude commandée Microsoft et réalisée par Principled Technologies que vous pouvez télécharger par ici. Cette étude est datée de novembre 2012 et porte sur les performances d'Internet Explorer 10 utilisé sur une tablette Windows 10 comparé aux performances de Safari sur iPad et Chrome sur Android. L'étude annonce fièrement dès la première page qu'Internet Explorer 10 sous Windows 8 est 60,4% plus rapide que Safari sur iPad avec iOS 6 et 64,1% plus rapide que Chrome sur Android 4.1.2.

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Le navigateur, quelle que soit la plateforme, est devenu un élément central sur lequel le système va même jusqu'à s'appuyer lorsque des applications utilisent le moteur de rendu et JavaScript pour être développées. Nouvelle possibilité qui est d'ailleurs offerte aux développeurs dans Windows 8, mais qui doit être utilisée avec soin et discernement avant d'être privilégié à l'insu des autres technologies (XAML, .NET, C++, ...). Les navigateurs retiennent donc de plus en plus l'attention que ce soit des équipes techniques, aussi bien chez Microsoft qu'Apple ou Google, mais aussi des développeurs et dans une moindre mesure des consommateurs qui veulent de la rapidité pour un web toujours plus riche.

Via différents scénarios d'usages, Internet Explorer 10 sous Windows 8 sort également vainqueur (en secondes, le rapide gagne) de part sa rapidité d'exécution des différentes actions à réaliser. Nous parlons ici tant de la rapidité inhérente au navigateurs, aux plateformes qu'aux choix ergonomiques réalisés par Microsoft, Apple et Google au sein de leur navigateur respectif.

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Une autre seconde étude réalisée par Penn Schoen Berland, que vous pouvez télécharger par ici, indique que 8 personnes sur 10 ont déclaré avoir rencontré un ou plusieurs problèmes lors d'une session de navigateur avec Safari sur iPad. Une troisième étude réalisée Mozaic Groupe (et commandée par Microsoft ?), que vous pouvez télécharger par ici, détaille que 85% des personnes sondées indiquent être intéressées pour échanger leur iPad contre une tablette Windows 8 avec Internet Explorer 10 comme navigateur pour sa meilleure expérience utilisateur (tant aux niveaux des performances que de son ergonomique, IE10 version Modern UI).

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Maintenant : éliminons le champ de distorsion de la réalité !

Le discourt marketing étant détaillé, repassons maintenant dans le champ de la réalité qui semble avoir échappé à l'éditeur. Tout d'abord, l'étude réalisée - conséquente dans les scénarios testés bien qu'ils ne soient pas choisis au hasard - est discréditée dès les premières pages. En effet, des graphiques de taille imposante (voir ci-dessus) reviennent sur les performances avec de gros pourcentages (> 60%) pour Microsoft. Ce ne sont pas les gros chiffres qui retiennent ici l'attention (aucune raison de douter de ces chiffres) mais plutôt les caractéristiques des matériels utilisés pour réaliser les tests.

Comme le révèle l'annexe A de l'étude, les tablettes utilisées sont :
  • Nexus 7 sous Android 4.1.2
  • iPad 3 sous iOS 6
  • Samsung Series 7 Slate sous Windows 8 Pro

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Les processeurs ARM sont de qualité et répondent très bien aux besoins des tablettes : performances et autonomie. Mais comment peut-on la comparer aux processeurs Intel non pas destinés aux plateformes mobile (Atom) mais destinés aux ordinateurs portables ? La comparaison de Microsoft revient à comparer l'architecture d'un Tablet PC à celle des tablettes tactiles. L'utilisation de la Surface RT aurait été plus équitable, le processeur étant le même que celui de la Nexus 7, mais les chiffres probablement fort différents.

L'autre point qui pose question est l'utilisation d'une tablette qui n'est pas vendue (et pas optimisée pour, il manque certains capteurs) avec Windows 8 Pro mais avec Windows 7 Pro. Son prix (1369,15€ chez Amazon) est d'ailleurs 1,6x celui du modèle iPad 64 Go avec 3G ( 844€) et plus de 4,5x celui du modèle haut de gamme Nexus 7 avec 3G (299€).

La mauvaise fois à ces limites, d'autant que toutes ces différences ne sont nullement clairement expliquées aux lecteurs de cette étude, mais simplement visible dans les caractéristiques techniques en annexe, caractéristiques qui ne parleront pas à tout le monde. Les résultats auraient étaient tout autre si l'équité avait été respectée.

Sur le côté technique, bien évidemment les développeurs ne seront pas d'accord avec l'éditeur. Rendons à César ce qui lui appartient : Internet Explorer 10 intègre bien un ensemble d'API de qualité sur le multitouch que l'éditeur souhaite par ailleurs standardiser. Apple n'a effectivement pas accepté de travailler avec Microsoft pour standardiser la couche de support multitouch intégrée au sein de Safari bureau et mobile.

Mais cela ne permet pas pour autant de dire que le navigateur possède la meilleure expérience utilisateur. Aujourd'hui, le logiciel est intimement lié au matériel sur lequel il s'exécute. Là est toute la nuance que Microsoft a beaucoup de mal à saisir. Or, il n'y a qu'à mettre un iPad (ou une tablette Nexus) à côté d'une tablette Surface RT (base technique ARM quasiment identique pour le coup) pour s'apercevoir du chemin qu'il reste à parcourir tant pour la justesse de la détection des interactions utilisateurs que pour leur rapidité d'exécution. La gestuel ou encore la sélection de texte dans une page pour effectuer un copier/coller n'est absolument pas au niveau. Que l'éditeur corrige sa copie puis revienne nous en reparler !

Terminons par les statistiques sur les utilisateurs d'iPad : on fait dire ce que l'on souhaite aux chiffres et aux personnes sondées. Quelles sont les conditions dans lesquelles ont été réalisées les deux études que Microsoft utilise pour accréditer son discours (marketing) ? Une a été réalisée en septembre 2010 tandis que l'autre n'est pas datée. Pourtant, la sortie commerciale de Windows 8 a eu lieu le 26 octobre 2012. Comment les utilisateurs pouvaient donc avoir le recule pour avoir envie d'échanger leur iPad pour une tablette Windows 8 dont aucun modèle n'était alors encore commercialisé ? Un utilisateur d'Internet Explorer ne rencontre-t-il jamais de problème lorsqu'il navigue sur le web ? M'aurait-on menti ! Autant dire que ces chiffres ne correspond à rien et que leur utilisation sur le blog officiel "Exploring IE" ne fait que jeter encore plus le discrédit sur Microsoft et sa communication.

Conclusion

La conclusion tient en quelques mots mots : les propositions techniques (et certaines au niveau de l'ergonomie) de Microsoft sont de qualité, mais les détails d'implémentation sont oubliés alors que ce sont eux qui mettent en valeur les choix techniques et d'implémentation réalisés... Le discours - bien que marketing - n'étant dans ce contexte rien d'autre qu'un élément de discrédit.

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